Notre décennie devra être une décennie de reconfiguration et de transformation pour les entreprises, les gouvernements, et même la civilisation humaine dans son ensemble. Comme nous le disent les scientifiques du monde entier, sans ces changements, nous risquons de ne pas pouvoir atteindre une bonne qualité de vie dans les décennies qui suivront.
La multitude de crises auxquelles nous sommes confrontés – pandémie, climat, eau, biodiversité, inégalités, migrations, des cyberattaques, désinformation, pour n'en citer que quelques-unes - sont non seulement réelles, mais aussi fortement interconnectées. C'est ce qu'illustre la Carte 2020 des interconnections des risques mondiaux du Forum Économique Mondial.
Les entreprises régénératives apparaissent donc comme une voie à explorer.
Qu'est-ce que la régénération ? Et pourquoi maintenant ?
La régénération naturelle est la faculté d'un écosystème à se reconstituer spontanément, après sa destruction totale ou partielle. On l’observe couramment pour une forêt ou du corail au sein d’un écosystème et on part alors de résilience écologique selon des cycles réitérés.
La régénération consiste donc à renouveler toute activité cyclique comme une entreprise afin qu'elle soit résiliente et qu'elle produise à nouveau les résultats souhaités. Il s’agit également d’améliorer la capacité du système à se restaurer efficacement. En d’autres termes, la régénération consiste à laisser la nature et la société en meilleure santé, en meilleure posture et plus résistante que ce que nous avons trouvé. C'est l'avenir de la durabilité. […]
Voici 5 mythes sur la régénération qu’il est important de dissiper
Mythe 1 : La régénération est un luxe. Nous devons avant tout nous concentrer sur la durabilité.
Pourquoi opter pour la régénération ?
[…] Si nous avons, en moyenne, plus ou moins bien vécu ces dernières décennies, cela a eu un coût énorme. […] Au cours des derniers siècles, nous avons largement fonctionné sur la base de systèmes dégénératifs - c'est-à-dire de systèmes qui peuvent produire des résultats bénéfiques à court terme, mais qui dégradent la nature et la société à long terme. Nous ne pouvons donc pas nous contenter de maintenir le statu quo qui n’est pas viable. Nous devons d'abord régénérer, puis maintenir le nouveau statu quo régénéré.
Pour utiliser une analogie pratique, nous devons d'abord guérir pour retrouver la santé, avant de pouvoir parler de rester en forme.
Mythe 2 : La régénération concerne uniquement l'agriculture et les forêts.
Bien qu'il y ait beaucoup d’effervescence autour de l'agriculture régénératrice, le sujet va bien au-delà. […]
La régénération comporte d’autres dimensions essentielles, notamment :
- La restauration de la vitalité et de l'abondance des océans et des rivières ;
- Le renouvellement des relations des entreprises avec leurs employés, leurs fournisseurs, leurs clients, les communautés locales et d'autres parties prenantes clés,
- La ré-imagination d'un équilibre plus sain entre les activités et les valeurs matérielles et non-matérielles ;
- Et l'abandon de la priorité accordée aux valeurs d'extraction, d'exploitation et de séparation - pour n'en citer que quelques-unes.
C'est le genre de reconfiguration et de transformation systémiques qui implique toutes les industries.
Mythe 3 : Les activités de régénération sont trop complexes à expliquer et à communiquer.
C'est faux.
[…]
Il suffit de penser aux principaux concepts :
- Restauration,
- Rajeunissement,
- Renouvellement,
- Réapprovisionnement,
- […] Revitalisation,
- Ré-énergie... !
Et aussi :
- Communauté,
- Collaboration,
- Cercle vertueux,
- Harmonie,
- Équilibre,
- Confiance,
- Connexion, […]
Ce langage positif et stimulant est plein d'espoir, d'aspiration et très intuitif. Il facilite la communication de la régénération.
Mythe 4 : Seules les marques durables peuvent pratiquer la régénération.
Faux. Ce mythe est basé sur une perception commune selon laquelle il est plus difficile de pratiquer la régénération que la durabilité.
Comme la plupart des entreprises ne maîtrisent pas le développement durable, il semble que seuls les leaders du domaine, comme Patagonia, Unilever, Danone et IKEA, peuvent se lancer dans la régénération. […] Non, toute entreprise peut commencer à suivre des principes de régénération, quel que soit le stade où elle se trouve sur le "chemin de la durabilité".
La régénération est un type de durabilité qui cherche, non seulement à maintenir, mais aussi à restaurer, renouveler et entretenir. De ce point de vue, même les actions de durabilité de base peuvent être transformées en actions régénératrices avec une bonne compréhension des résultats souhaités, et à partir de là, les bons ajustements.
Par exemple, si votre entreprise envisage de modifier ses produits pour qu'ils deviennent circulaires, pensez à choisir le type de flux de matériaux qui entraîne à la fois la circularité et la restauration + le renouvellement + la résilience pour le plus grand nombre possible de systèmes. Ou, si votre entreprise passe aux énergies renouvelables, pensez à toutes les parties prenantes qui seront touchées dans le processus et si la restauration + le renouvellement + la résilience figureront dans les résultats. Le test "restauration + renouvellement + résilience" peut s’avérer très utile.
Mythe 5 : Le retour sur investissement de la régénération n'a pas été bien étudié et documenté.
Si, le retour sur investissement de la régénération est au moins aussi bon que celui de la durabilité - et il a déjà été démontré que le retour sur investissement de la durabilité est constamment positif et durable. Pourquoi la régénération est-elle au moins aussi bonne, demandez-vous ? Parce qu'elle investit à long terme de manière encore plus solide et qu'elle élimine encore plus d'externalités et de risques.
Écrit par Dimitar Vlahov, Directeur de Knowledge & Insights chez Sustainable Brands.
17 Janvier 2020
En savoir plus : https://sustainablebrands.com/conferences/sustainablebrands-2020/dispelling-5-common-myths-about-regeneration-and-regenerative-business/